Même un parent attentif ne se rend pas toujours compte que son enfant ne va pas bien, ce qui entraîne un sentiment de culpabilité (“Pourquoi n’ai je rien vu ?”). Le Professeur Bruno Falissard rassure : “C’est difficile à déceler car l’enfant peut cacher son mal-être”. Pour le pédopsychiatre, “des signes non spécifiques peuvent interpeller les parents : des troubles du sommeil, des problèmes d’appétit, une irritabilité”.
La dépression chez l’enfant peut aussi se manifester par de la colère, un repli sur soi, une dévalorisation, des plaintes somatiques liées à des troubles anxieux (mal au ventre, mal à la tête essentiellement). Le spécialiste insiste sur le fait que le décrochage scolaire, caractérisé par une chute des résultats et non par une phobie scolaire, est tout particulièrement signifiant chez les enfants plus grands et représente l’un des principaux motifs de consultation. “À l’inverse, la tristesse est moins présente que chez l’adulte en cas de troubles psychologiques”.
Comment réagir au mieux ?
Le premier conseil du Professeur Falissard est le suivant. Demandez à l’enfant comment il va, d’égal à égal. “Mieux vaut le faire quand on est seul (seule) avec lui ou elle dans un cadre différent de celui de la maison : profitez d’un trajet en voiture pour l’emmener à une activité ou d’un loisir partagé pour l’interroger”, conseille-t-il. Si votre enfant vous confie sa souffrance ou si vous constatez les signes évoqués ci-dessus, le premier interlocuteur doit être le médecin traitant. Il vous renverra si besoin vers un pédopsychiatre ou un psychologue spécialisé dans la prise en charge des enfants.
“Cette prise en charge se fait en principe dans un Centre médico-psychologique ou un Centre médico-psychopédagogique mais le nombre de pédopsychiatres ayant diminué, alors que la demande de soins a augmenté, il peut être difficile d’avoir rendez-vous rapidement” indique le Professeur Falissard. Les médecins généralistes peuvent inclure leurs jeunes patients (à partir de l’âge de 3 ans) dans le dispositif Mon soutien psy qui leur permet bénéficier de séances d’accompagnement psychologique avec une prise en charge par l’Assurance Maladie.
Troubles mentaux chez l’enfant : trop de médicaments
Les autorités de santé françaises (HAS, ANSM) recommandent les pratiques psychothérapeutiques, éducatives et celles de prévention et d’intervention sociale pour la prise en charge des troubles mentaux chez l’enfant. Parfois, un traitement médicamenteux peut être prescrit en deuxième intention, en soutien de l’accompagnement psychologique, éducatif et social de l’enfant et de sa famille.
Or, on constate une surmédication. La consommation de médicaments psychotropes par des enfants et adolescents a augmenté, entre 2014 et 2021, de + 62,58 % pour les antidépresseurs ; + 78,07 % pour les psychostimulants ; + 155,48 % pour les hypnotiques et sédatifs et + 48,54 % pour les antipsychotiques.