Violences conjugales et confinement
146. C’est le triste nombre de femmes tuées en France par leur compagnon ou ex-compagnon au cours de l’année 2019. C’est 25 de plus que l’année précédente. Et le contexte sanitaire de l’année 2020 fait craindre une nouvelle augmentation. En effet, les périodes de confinement ne jouent pas en faveur des femmes victimes de violences.
Les violences intra-familiales, qu’elles soient physiques ou psychologiques, s’installent au sein d’une relation d’emprise. Plusieurs mécanismes permettent à l’agresseur de garder le pouvoir sur sa victime :
- Dégrader son estime d’elle-même : en rabaissant, par des mots dévalorisants voire humiliants, l’agresseur va faire en sorte que sa victime perde confiance en elle, et ne se sente plus légitime de dénoncer les violences. Voire qu’elle pense les mériter ;
- Semer la terreur: les accès de colère, les réactions glaciales ou les coups tombant de façon inattendue créent chez la victime une peur constante qui peut la sidérer et rendre les tentatives de fuite très peu envisageables ;
- Tirer sur la corde sensible : en se victimisant lui-même, en exprimant des souffrances passées, des regrets et des promesses, l’agresseur s’assure que sa victime au grand cœur reste auprès de lui ;
- Isoler : Les mécanismes précédents ne peuvent fonctionner que si l’agresseur parvient à couper la victime de son entourage. Ainsi, personne ne se rend compte de ce qui se passe et la victime imagine n’avoir aucun soutien.
Les confinements et la distanciation sociale générés par l’épidémie de Covid-19 ont donc accentué l’isolement des victimes, les privant de contacts précieux avec la famille, les amis, les collègues ou encore le médecin traitant, moins disponible à cette période.
Cependant, les mesures d’écoute et de protection des victimes ont été renforcées depuis le début de l’épidémie :
- Le 3919 reste la ligne d’écoute anonyme et gratuite, accessible tous les jours de 9h à 21h.
- 114 : en cas de danger immédiat, ce numéro permet de signaler discrètement les violences et d’alerter les forces de sécurité par SMS.
- Le dispositif Alerte Pharmacie permet aux victimes de se signaler dans les officines, qui ont reçu pour recommandation de les accueillir dans un lieu confidentiel et d’alerter les forces de police ou de gendarmerie.
- Les outils numériques se mettent également au service des victimes : le site Internet https://arretonslesviolences.gouv.fr/ est disponible 24h/24 et 7 j/7 avec un tchat anonyme et non traçable. L’application App-elles permet les échanges et le soutien entre femmes victimes et l’application FLAG ! permet de dénoncer tout type de violence, y compris conjugales, envers la communauté LGBT.
Libérer la parole est la première étape qui permettra aux victimes de violences d’être protégées et de bénéficier de toute l’aide dont elles peuvent avoir besoin pour se reconstruire.
Face aux violences familiales, pour la santé et la sécurité de toutes et tous, ne restons pas silencieux.
Sources