Comment aider son enfant à avoir confiance en lui ?
Tout enfant a besoin de croire en lui pour grandir et avancer dans la vie. Certains, plus angoissés ou plus timides, s’inquiètent facilement et osent moins aller de l’avant. Quelques pistes pour les accompagner et les aider à dépasser leurs peurs.
Alors que la plupart des enfants foncent, enthousiastes, vers une nouvelle activité ou adoptent le changement sans sourciller, pour d’autres, c’est plus compliqué.
Petits, ils ont besoin de l’approbation constante de leurs parents pour se lancer, voire n’osent pas accomplir de nouvelles actions seuls (monter sur un toboggan, s’habiller seul, s’adresser à une tierce personne…).
Adolescents, ils sont plutôt introvertis. En classe comme à la maison, ils prennent rarement la parole et manquent d’initiatives. La peur d’être moqués, mal jugés, le sentiment d’incompétence ou d’échec (« De toute façon, je suis nul / je n’y arrive jamais ») les inhibent.
« Beaucoup d’enfants ont peur d’être ridicules s’ils ratent quelque chose, observe Fanny Cohen Herlem, pédopsychiatre et psychanalyste. Quand cela arrive, ils se sentent remis en question et en concluent qu’ils ne sont pas capables. Ce qui contribue à les bloquer dans leurs actions futures. »
Bien sûr, il y a des enfants plus timides que d’autres. Mais une anxiété prononcée face au changement dénote un problème plus sérieux : l’enfant manque cruellement de confiance en lui et cela peut s’expliquer de différentes manières.
« Des parents peu sûrs d’eux ou trop anxieux vont transmettre leurs appréhensions à leur enfant : celui-ci se calque alors sur leur comportement ou se conforme à l’étiquette qu’on lui accole, reprend la thérapeute. Mais des événements de vie (séparation, abandon parental…) peuvent aussi affecter l’enfant, voire briser sa confiance en soi. La restaurer peut alors prendre du temps. »
Soutenir et encourager
En réalité, la confiance est un élément qui s’acquiert dès la petite-enfance, lorsque le bébé accomplit, sous les yeux de ses parents, ses premiers gestes ou pas, tout seul. Leur regard rassurant va lui permettre de se lancer avec hardiesse dans les apprentissages. Ce sentiment de sécurité intérieure, qui se construit dans les premiers liens d’attachement, est fondamental pour croire en ses capacités à réussir.
« Pour avoir confiance en soi, il faut que l’on vous fasse confiance. Un enfant qui se sent soutenu dans son effort est un enfant qui va sentir grandir sa confiance en lui, souligne Fanny Cohen Herlem. C’est pourquoi il est important d’encourager son enfant à chaque étape de sa vie, de le féliciter et de lui dire qu’on est fier de lui. » Ce qui ne revient pas, pour autant, à lui dire que tout ce qu’il accomplit est parfait !
Au contraire, l’enfant a également besoin que ses difficultés soient reconnues. « Le rôle des parents est essentiel dans ce cheminement. Il consiste à soutenir l’enfant et à lui faire comprendre qu’il peut progresser encore. »
Lorsque la confiance a été perdue, l’enfant a besoin de libérer ses craintes par la parole. « Il faut, dans ce cas, l’amener à parler de ce qui l’inquiète. Ainsi, on pourra désamorcer ses peurs les unes après les autres, en lui montrant qu’il peut les surmonter. »
De manière générale, on aide l’enfant à développer sa confiance en soi quand on lui parle beaucoup et qu’on ne lui cache rien le concernant – à condition, bien sûr, d’y mettre les formes et d’adapter le discours à son âge.
Stop à la pression !
Tous les enfants aiment être reconnus, admirés, valorisés. Mais les encourager à viser la perfection n’est pas forcément leur rendre service. À force de vouloir toujours être le premier, l’enfant peut en arriver à craindre de participer, de peur de ne pas être le meilleur. Rien de pire pour alimenter la peur de l’échec… La compétition, oui, mais sans pression !
Pour se sentir à la hauteur, votre enfant a besoin d’être épaulé en douceur, en accomplissant les choses à son rythme, avec plaisir, et non dans le but de vous satisfaire à tout prix. Il doit sentir que votre amour n’est pas soumis à condition, que vous l’aimez même quand il fait une bêtise ou a une mauvaise note. Ne le comparez pas aux autres et n’hésitez pas non plus à lui dévoiler vos erreurs ou vos faiblesses pour mieux le rassurer.
Des outils pour apaiser
Etre présent, l’accompagner avec des paroles positives (« C’est bien, je suis sûr que tu vas y arriver ! ») ou des actions communes (« Et si on essayait ensemble ? »), l’aider à prendre des risques, dédramatiser ses échecs (« Si tu rates, ce n’est pas grave, il y aura d’autres opportunités de te rattraper »), lui renvoyer une image optimiste de lui-même...
Autant d’attitudes incontournables qui permettront à votre enfant d’être bien dans sa peau. « Les petits aiment aussi beaucoup s’identifier à nous, poursuit Fanny Cohen Herlem. On peut donc évoquer avec l’enfant ce qui nous a aidé quand on était dans la même difficulté que lui. »
Des outils concrets, comme la relaxation ou la pratique d’une activité sportive, peuvent apporter de l’apaisement et du calme intérieur, propices au développement du sentiment de réussite. Autre technique, apprendre à son enfant à anticiper les situations de stress en l’incitant à écrire ses inquiétudes dans un « carnet à soucis ». Mais parfois, nos conseils peuvent ne pas suffire.
Lorsque l’anxiété est trop présente et qu’elle devient handicapante, qu’elle empêche l’enfant de se livrer à certaines activités ou d’aller vers les autres, il ne faut pas hésiter à lui proposer une aide extérieure (psychologue, psychothérapeute, pédopsychiatre…). « Ce qui compte, c’est de pouvoir se parler. L’enfant ne doit pas rester seul avec sa peur de ne pas y arriver. » Quelques séances peuvent ainsi suffire à extérioriser un fardeau parfois trop lourd à porter, et lui donner les clés pour s’ouvrir et oser.
Ariane Langlois (Tribune Santé)